LEFT-HANDED GIRL : 3 questions à Shih-Ching Tsou

par Maryline Alligier

Left-Handed Girl de Shih-Ching Tsou.

Votre film prend place dans vos souvenirs d'enfance à Taïwan. Est-ce un geste mémoriel et de résilience ?

Oui. Le film puise ses racines dans mes propres souvenirs d'enfance à Taïwan. Je voulais préserver ces textures : les silences de la maison, l'odeur du marché nocturne, les règles tacites d'une famille. Mais ce n'est pas de la nostalgie. Pour moi, c'est plutôt un acte de résilience, transformant des souvenirs douloureux et des conflits générationnels en quelque chose qui peut être partagé, compris et peut-être guéri par le cinéma.

Avez-vous imaginé le marché nocturne comme un personnage ?

Absolument. Le marché nocturne est vivant, coloré, bruyant, débordant de vie. Ce n'est pas seulement un décor ; c'est un personnage avec son propre rythme et son propre tempérament. Pour la petite fille du film, le marché est à la fois un terrain de jeu et un labyrinthe, un lieu où elle rencontre à la fois la beauté, le chaos et la tentation.

Chaque personnage incarne-t-il finalement ce que vivent toutes les femmes ? Est-ce une façon pour vous de faire entendre leur voix ?

Chaque personnage féminin reflète une facette de ce que signifie être une femme dans une société traditionnelle. La mère lutte pour survivre, l’adolescente résiste, la petite fille commence à se questionner et la grand-mère s’accroche à ses vieilles croyances. Elles ne sont pas seulement un chœur de femmes à différentes étapes de leur vie, elles sont aussi des fragments de moi-même. En donnant forme à leurs luttes et à leurs désirs, j’ai voulu mettre en lumière le travail invisible, la douleur silencieuse et la résilience des femmes, des voix si souvent ignorées, mais qui résonnent pourtant à travers les générations.

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THOMAS AIDAN